Soulager ou prévenir l’apparition des douleurs articulaires. Telles sont les allégations santé portées par les compléments alimentaires à base de glucosamine et/ ou de chondroïtine sulfate. Récemment, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES) a émis des recommandations sur la prise de ces compléments alimentaires.
Glucosamine ou chondroitine sulfate : des molécules à risque pour certaines populations
La chondroïtine sulfate et la glucosamine sont commercialisées dans la plupart des pays européens, à la fois comme médicament et comme complément alimentaire.
Le dispositif Nutrivigilance a permis de recueillir de nombreuses déclarations d’effets indésirables suite à la prise de compléments alimentaires à base de glucosamine et/ ou de chondroitine sulfate. L’ANSES a mené une expertise plus approfondie , à partir de ces données.
À savoir ! Depuis 2009, l’Anses est en charge du dispositif de nutrivigilance qui a pour objectif de surveiller les effets indésirables liés à la consommation de compléments alimentaires et d’autres produits alimentaires tels que les aliments et boissons enrichis.
Au total, 23 effets indésirables ont été signalés et identifiés comme susceptibles d’être en lien avec un complément alimentaire à base de chondroïtine ou/et glucosamine. Ces effets indésirables étaient des troubles digestifs, neurologiques, dermatologiques, allergiques, hématologiques.
À savoir ! La chondroïtine sulfate est une molécule produite naturellement par l’organisme et qui rentre dans la composition du cartilage et des tissus conjonctifs (os, peau, cornée, membrane des artères). Elle est synthétisée par l’organisme à partir de glucosamine, elle-même synthétisée à partir de fructose-6-phosphate et de glutamine. Elle contribue à la formation et à l’entretien du tissu cartilagineux et des tissus conjonctifs (tissus de soutien). On considère que la chondroïtine, en complément alimentaire, peut soulager les douleurs articulaires, voire même, contribuer au ralentissement de la dégénérescence de ces tissus articulaires.
Ainsi, en recoupant ces informations du dispositif Nutrivigilance avec des déclarations internationales et des études scientifiques, l’ANSES a ciblé différentes catégories de personnes pour lesquelles l’apport de ces compléments alimentaires comporte des risques.
Les personnes à risques sont celles présentant :
- Du diabète ou prédiabéte ;
- De l’asthme ou un traitement médical par antivitamine K (anticoagulants prescrits, par exemple, dans le cas de fibrillation auriculaire) ;
- Des allergies alimentaires aux crustacés ou aux insectes (pour les compléments à base de glucosamine) ;
- Un régime alimentaire spécifique avec un contrôle de l’apport sodium, en potassium ou en calcium ;
- Une grossesse ou en cours d’allaitement.
Par principe de précaution, les enfants ne doivent pas non plus consommer ce type de compléments alimentaires.
Mieux informer, mieux accompagner
Face à l’essor des compléments alimentaires ou médicaments à base de chondroïtine et/ou glucosamine (1 million de boîtes vendues par an en France), l’ANSES recommande aux professionnels de santé de mieux accompagner la population.
D’une part, les laboratoires pharmaceutiques doivent mieux informer les consommateurs en quête de confort articulaire. En parallèle, ils sont invités à déclarer auprès du dispositif nutrivigiance les effets indésirables signalés auprès de leurs départements réclamations.
D’autre part, la responsabilité des médecins et des pharmaciens est mise en avant. Ils sont vivement conviés à interroger les personnes sur leur consommation de compléments alimentaires : quel type de compléments sont pris (vérifier les interactions) ? Ont-ils une alimentation ou une pathologie spécifique (contre-indications) ? Constatent-ils des modifications biologiques ou des signes cliniques après la prise d’un nouveau complément alimentaire ?
Enfin, l’ANSES insiste sur le fait que les doses maximales journalières autorisées de glucosamine et de chondroïtine sulfate ne sont pas encore harmonisées au niveau européen et qu’un travail collégial doit être entrepris.
Actuellement, la DGCCRF recommande une dose journalière maximale de 1000 mg/jour pour la glucosamine et de 900 mg/jour pour la chondroïtine sulfate pris sous forme de compléments alimentaires.
Pour votre sécurité, n’hésitez pas à demander conseil auprès de votre médecin traitant ou de votre pharmacien lorsque vous souhaitez prendre un complément alimentaire.
Julie P., Journaliste scientifique
– Les compléments alimentaires à visée articulaire déconseillés à certaines populations. ANSES. Consulté le 8 avril 2019.