Vous utilisez peut-être le tramadol pour soulager la douleur due à l’arthrose ? Attention, une étude canadienne vient de montrer que celui-ci augmentait le risque de mortalité et provoquait plus d’effets indésirables par rapport aux autres antalgiques. Santé sur le Net fait le point.
Plusieurs traitements dans l’arthrose
Dans le Monde, 315 millions de personnes souffrent d’arthrose. Cette destruction progressive du cartilage des articulations peut être soulagée par plusieurs antalgiques, parmi lesquels :
- Le paracétamol, le plus couramment utilisé
- Les anti-inflammatoires non stéroïdiens, ou AINS, comprenant plusieurs molécules : l’ibuprofène, le naproxène et le diclofénac, faisant partie de la même famille, ainsi que les inhibiteurs sélectifs de la cyclo-oxygénase 2, autrement appelés coxibs, comme le célécoxib et l’etoricoxib.
- Les antalgiques opioïdes de niveau 2, comme la codéine et le tramadol
Une équipe de chercheurs canadiens s’est intéressé à l’utilisation du tramadol dans le traitement de l’arthrose et à sa balance bénéfice/risque. Elle a comparé la consommation de ces antalgiques pendant la première année de traitement avec :
- La mortalité (toute cause confondue)
- L’apparition de maladies cardiovasculaires
- L’apparition de thrombo-embolie veineuse
- La survenue de fracture de la hanche.
Un total de 112 650 patients, d’âge moyen 68 ans, traité pour une arthrose entre 2005 et 2014 au Canada, ont été inclus dans cette étude rétrospective. Parmi eux, 56 325 ont eu une prescription initiale de tramadol, 13 798 de naproxène, 17 675 de diclofénac, 17 039 de coxibs et 7813 de codéine.
Le tramadol : un profil de sécurité global défavorable
Les résultats de cette étude ont été présentés lors du congrès européen annuel de rhumatologie (Eular E-Congress 2020). Il a été montré que le tramadol augmente le risque de mortalité des patients. En effet, la mortalité était supérieure dans la cohorte de ces patients : ce risque augmente de 20% par rapport au naproxène, de 30% par rapport au diclofénac, et même de 50% par rapport aux coxibs. Cependant, ce risque était inférieur à celui des personnes traitées par la codéine.
D’autre part, le tramadol a provoqué un plus haut risque de développement de maladies cardiovasculaires, de thrombo-embolie veineuse ainsi que de fracture de la hanche par rapport au diclofénac et aux coxibs (pas de différence significative avec le naproxène et la codéine).
Ainsi, les patients qui commencent leur traitement de l’arthrose par le tramadol ont plus de risque de survenue de problèmes de santé ultérieurs que ceux débutant par des AINS. Avec les données étudiées, peu de différence significative ont été révélée entre l’utilisation du tramadol et de la codéine.
En France, une prescription du tramadol très prudente
Cette étude montre que le tramadol n’est pas plus sûr que les AINS ou d’autres opioïdes. Sa prescription devrait donc être prudente, et réservée aux patients avec des contre-indications aux AINS. De plus, un risque de dépendance est à craindre avec cet opioïde.
En France, depuis le 15 avril 2020, l’Agence Nationale de Sécurité du Médicament à diminuer la durée maximale de prescription du tramadol par voie orale de 12 à 3 mois. L’objectif est ainsi d’éviter le mésusage et les risques de dépendance de ce médicament antalgique. Pour un traitement supérieur à 3 mois, le patient doit donc consulter à nouveau un professionnel de santé.
Suzanne L., Pharmacienne & Rédactrice scientifique