Rôle / Principe • Articulations concernées • Le geste • Risque d’infection • Douleur au point d’injection • Effets secondaires • Contre-indications • Posologie / Protocole • Conclusion
Rôle / Principe
Les infiltrations locales de corticoïdes sont destinées à diminuer voire à stopper le processus inflammatoire au cours des poussées d’arthrose.
Elles sont réservées aux poussées d’arthrose et ne doivent pas être pratiquées en dehors des périodes d’inflammation.
Elles consistent à injecter un produit directement dans l’articulation, siège du processus d’arthrose. L’infiltration utilise généralement un produit dérivé de la cortisone à effet immédiat ou retardé.
Articulations concernées
Peu d’articulations relèvent d’un traitement local par corticoïdes.
Celui-ci s’applique généralement :
- au genou,
- parfois à la hanche,
- à la base du pouce (rhizarthrose)
- à certaines articulations au niveau de la colonne vertébrale (niveau lombaire).
Les infiltrations peuvent aussi être utilisées dans une arthrose survenue à la suite d’un traumatisme de la cheville, du poignet ou dans l’arthrose de l’épaule.
Le geste
Il s’agit d’un geste technique nécessitant une certaine habitude et des précautions d’usage. Le médecin place une aiguille directement dans l’articulation (et non autour) afin d’injecter le produit.
S’il apparaît que le genou est » facile » d’accès, il n’en est pas de même des autres articulations plus petites ou plus profondes (hanche ou dos par exemple). Dans ces cas, le médecin pourra s’aider de moyens techniques qui lui permettront de visualiser l’articulation et ainsi de bien placer l’aiguille dans l’articulation. Les techniques d’imagerie utilisés sont la télé-radioscopie, l’échographie, le scanner.
Qui fait ces injections ?
Compte tenu de la technicité du geste, celui-ci est pratiqué par les rhumatologues ou les radiologues.
Risque d’infection
Le plus sérieux des risques d’une infiltration est l’infection de l’articulation par l’injection d’une bactérie en même temps que le produit. Cela provient, la plupart du temps, d’un défaut d’asepsie de la peau, d’une erreur de manipulation de l’aiguille, du produit ou de la seringue.
Pour minimiser ce risque utiliser : des seringues pré-remplies et des aiguilles à usage unique.
Pratiquer un bon nettoyage de la peau du patient et des mains de l’opérateur.
Enfin, la rapidité du geste et une bonne pratique réduisent considérablement ce risque d’infection.
Signes cliniques
L’infection se manifeste généralement 36 à 48 heures après l’injection par un malaise général et une température élevée. Parallèlement, l’articulation, loin de s’améliorer, s’aggrave.
Que faire ?
Contacter au plus vite le médecin car il s’agit d’une urgence. Traitée tôt, l’infection guérit. A l’inverse, une prise en charge médicale trop tardive peut conduire à des séquelles articulaires.
Douleur au point d’injection
L’infiltration peut être suivie d’une réaction douloureuse immédiate au point d’injection. Cette réaction inflammatoire est provoquée par le produit lui-même et disparaît généralement en 24 à 36 heures maximum.
Effets secondaires
L’infiltration peut parfois s’accompagner de :
- bouffées de chaleur sans conséquence,
- douleurs locales passagères sans inflammation,
- autres effets secondaires en rapport avec les pathologies du patient : petite poussée hypertensive si le patient a une hypertension, élévation de la glycémie au cours d’un diabète, …
Contre-indications
L’infiltration de corticoïdes doit être évitée en cas de : herpes ou zona (en cours), maladie infectieuse (en cours), diabète, hypertension mal équilibrée.
L’infiltration peut par ailleurs générer une poussée d’ulcère, celui-ci devra donc être recherché par le médecin dans l’interrogatoire.
Enfin, la répétition des infiltrations de corticoïdes peut entraîner une insuffisance surrénale à l’arrêt des injections ou, à l’inverse, un hypercorticisme (sécrétion excessive de cortisol, une hormone) en cas de poursuite.
La grossesse est-elle contre-indiquée ?
Non. Il convient néanmoins de signaler d’exceptionnels retards de croissance du fœtus en cas d’infiltration de corticoïdes pratiquée chez une femme enceinte. Heureusement, l’état de maternité ne va pas de paire avec la notion d’arthrose.
Posologie / Protocole
Généralement, une ou deux infiltrations dans une même articulation suffisent à réduire la poussée inflammatoire d’arthrose. L’absence de réponse positive doit faire revoir le diagnostic ou la technique.
Il n’existe pas de protocole pour ce geste. On entend souvent qu’il ne faut pas plus de trois infiltrations de corticoïdes dans l’année, ou dans la vie, ou dans une articulation. Ces affirmations populaires n’ont aucun fondement scientifique. L’inflammation persistante a beaucoup plus d’effet délétère sur l’articulation qu’une infiltration de corticoïdes.
Des études scientifiques canadiennes ont même montré un certain effet protecteur des corticoïdes sur le cartilage à petites doses répétées.
Conclusion
La sensibilité aux corticoïdes est très personnelle et il convient au médecin d’en tenir compte.
La réussite viendra d’un bon examen clinique préalable associé à un bon équilibre dans le traitement.
Enfin, il faut savoir que, même si ce traitement est brillant, il n’est pas plus efficace à un mois que la prise, pendant cette période, d’anti-inflammatoires. Ceci autorise le patient à choisir son traitement. L’infiltration de corticoïdes ne doit pas être imposée, elle doit être discutée entre le patient et son médecin, avec ses avantages et ses inconvénients.