L’arthrose désigne une maladie articulaire qui touche plus de 300 millions de personnes à travers le monde. D’où l’intérêt d’un diagnostic précoce pour une prise en charge optimale. Des chercheurs sont sur la piste d’une technique d’imagerie innovante non invasive capable de révéler en haute définition l’ensemble des tissus atteints. Pleins feux sur leurs travaux qui révèlent l’arthrose sous un jour nouveau.
L’arthrose, un défi médical majeur
Très répandue au sein de la population, l’arthrose désigne une maladie articulaire qui se caractérise par la destruction progressive du cartilage au niveau d’une ou plusieurs articulations. Cette destruction du cartilage empêche le bon glissement des articulations les unes sur les autres et entraîne des douleurs chroniques très handicapantes pour les patients ainsi qu’une perte de mobilité.
À ce jour, il est possible de soulager la douleur ressentie lors des poussées inflammatoires à l’aide d’un traitement médicamenteux, mais il n’existe encore aucun traitement curatif ou préventif de l’arthrose. Dès lors, il semble indispensable pour la communauté scientifique de pouvoir diagnostiquer la maladie de façon précoce afin de développer des traitements contre l’arthrose débutante.
Dans ce contexte, une équipe de chercheurs de l’université Grenoble Alpes est sur la piste d’une nouvelle technique d’imagerie non invasive capable de révéler en haute définition l’ensemble des tissus atteints.
Les promesses d’une technique d’imagerie innovante
La radiographie constitue aujourd’hui la technique d’imagerie de référence dans le diagnostic et le suivi de l’arthrose. Elle se heurte cependant à une limite : celle de ne pas pouvoir observer les tissus mous et cartilagineux. Or, l’arthrose est une pathologie qui affecte à la fois le cartilage et tous les autres tissus articulaires comme les os et les ligaments.
À savoir ! La radiographie mesure l’absorption de rayons X par les structures traversées. Mais seuls les os, qui sont des tissus denses, sont capables d’absorber suffisamment ces rayons pour apparaître en clair sur l’image finale.
Forts de ce constat, des scientifiques travaillent depuis cinq ans au développement d’une nouvelle technique d’« imagerie par contraste de phase aux rayons X » (ICP). Cette technique permet de mesurer l’absorption de rayons X par les tissus traversés mais également, et c’est là la nouveauté, la déviation des rayons X par ces mêmes tissus. Cette technique se révèle ainsi particulièrement intéressante pour l’observation des tissus mous et cartilagineux qui dévient 2 000 fois plus les rayons qu’ils ne les absorbent !
L’efficacité de cette technique a été évaluée en 2020 dans le cadre d’une étude faisant appel à six radiologues et rhumatologues du CHU de Grenoble. Les praticiens devaient analyser différents clichés de mains et de poignets, obtenus au moyen :
- de techniques conventionnelles (scanner classique, IRM ou échographie)
- de cette nouvelle technique d’ICP.
Et les conclusions sont probantes : l’ICP leur a permis de voir simultanément tous les tissus articulaires (y compris les tissus mous) et leur a fourni des images présentant des contours plus nets et un meilleur contraste. Ces bons résultats ont également été observés sur des articulations très petites comme le genou arthrosique de souris dans le cadre d’une nouvelle étude datant de juin 2021.
L’espoir d’une avancée thérapeutique prochaine pour l’arthrose
Seul bémol, pour pouvoir mesurer la déviation des rayons X, cette technique d’ICP nécessite une infrastructure de taille appelée « synchrotron », au prix et proportions impressionnantes (2 milliards d’euros et 844 mètres de diamètre pour celui de Grenoble). Autant dire qu’il est impensable de pouvoir utiliser cette installation dans la vie de tous les jours !
À savoir ! Un synchrotron désigne une source extrêmement puissante de rayons X, produits par des électrons de haute énergie circulant dans un anneau de stockage.
C’est sans compter sur l’inventivité et la détermination des chercheurs qui ont mis au point un système alternatif mimant l’effet d’un synchrotron. Une fois financé, ce dispositif pourra à terme être perfectionné et faire l’objet de tests sur des articulations humaines. En attendant, d’autres nouvelles techniques d’imagerie non invasives sont à l’étude à travers le monde. Ce dynamisme international dans la recherche sur l’imagerie de l’arthrose laisse ainsi entrevoir l’espoir d’une meilleure prise en charge de cette maladie grâce à un diagnostic toujours plus précis et précoce.
Déborah L., Docteur en Pharmacie