L’arthrose constitue aujourd’hui dans les pays industrialisés la première cause de consultation chez le médecin généraliste, après les maladies cardiovasculaires. Ce chiffre en dit long sur les enjeux liés à la prévention de cette maladie ostéoarticulaire, qui touche de plus en plus de personnes âgées. Une récente étude souligne l’intérêt de l’intelligence artificielle associée à l’imagerie médicale pour déceler l’arthrose avant même l’apparition des premiers symptômes.
Arthrose et intelligence artificielle
L’arthrose est une maladie articulaire, associée à une destruction progressive et irréversible du cartilage osseux. Etroitement liée au vieillissement, elle évolue insidieusement avant de se manifester par des douleurs et une gêne fonctionnelle pouvant nuire profondément à l’autonomie et à la qualité de vie.
Serait-il possible de détecter l’arthrose dès les premiers signes d’atteinte articulaire pour mettre en place très précocement des traitements préventifs ? Récemment, des chercheurs ont mené une étude sur ce sujet, en utilisant les potentialités de l’intelligence artificielle. Ils ont développé un algorithme capable de décrypter les résultats des IRM (Imagerie par Résonance Magnétique), obtenues sur deux catégories de patients :
- Des patients ayant développé de l’arthrose du genou ;
- Des patients n’ayant pas développé de signes d’arthrose du genou.
Une détection plusieurs années avant l’apparition de la douleur
L’ensemble des données, collectées sur environ un millier de patients sur une durée moyenne de sept années, a permis de montrer l’efficacité de l’algorithme d’apprentissage pour détecter à partir des données d’IRM des signes précoces d’apparition de l’arthrose, c’est-à-dire des lésions pré-symptomatiques. L’IA détecte ainsi des lésions d’arthrose invisibles pour l’œil humain, même pour des radiologues spécialisés.
Cette combinaison de l’IRM associée à l’IA permettrait un diagnostic très précoce de l’arthrose, notamment par rapport aux techniques actuelles de radiographie qui ne détectent la maladie qu’à un stade avancé. Dans l’étude, l’IA a permis de diagnostiquer l’arthrose en moyenne trois ans avant l’apparition des premiers signes de la maladie, avec une précision de 78 %.
Faire avancer la recherche clinique sur les traitements préventifs de l’arthrose
Détecter l’arthrose avant même sa manifestation clinique constitue une avancée importante, mais elle implique également de développer des traitements qui bloquent ou ralentissent efficacement la dégradation des structures cartilagineuses. Actuellement, ce type de traitement n’existe pas, même si des recherches cliniques sont en cours.
Cette nouvelle méthode diagnostique pourrait contribuer à faire avancer plus rapidement cette recherche clinique, en ciblant spécifiquement les patients pré-symptomatiques à inclure dans les essais cliniques sur les nouveaux traitements préventifs de l’arthrose. A terme, cette approche prédictive de l’arthrose pourrait déboucher sur de nouvelles stratégies thérapeutiques, qui permettraient de limiter le recours au remplacement articulaire par une prothèse de genou, actuellement la seule alternative curative de la gonarthrose. Une nouvelle preuve des potentialités de l’IA dans le domaine de la santé !
Estelle B., Docteur en Pharmacie