En cas d’arthrose avérée, la course à pied est généralement déconseillée. On lui préfère des activités plus douces comme la natation ou le vélo. Mais le footing peut-il s’avérer néfaste pour un genou sain ? Les joggeurs vont être rassurés : deux études récentes ont démontré que courir n’abîmait pas les genoux.
L’arthrose du genou : une pathologie fréquente
L’arthrose se définit comme une usure du cartilage intra-articulaire. Elle provoque douleur et gêne dans les mouvements. Au niveau du genou, particulièrement invalidante, elle touche plus de 4 millions de Français.
Les facteurs favorisants sont l’âge, le surpoids, les traumatismes, les déviations de l’axe des jambes (genoux déviés vers l’extérieur ou vers l’intérieur) …
Une activité physique régulière est généralement conseillée pour garder de bonnes articulations. Cependant, en ce qui concerne l’articulation du genou, le jogging a plutôt mauvaise réputation. Les impacts répétés au sol se propageraient aux genoux et seraient responsables de microtraumatismes du cartilage faisant le lit d’une future arthrose…
Deux études viennent réfuter cette idée reçue.
Courir n’augmente pas le risque de développer une arthrose du genou
Une étude rétrospective sur 10 ans a concerné 2 637 américains. Radiographies des genoux, symptômes (douleur, raideur) et mode de vie ont été pris en compte. La moyenne d’âge était de 64 ans. 66 % des participants étaient des femmes et 30 % couraient ou avaient couru dans leur vie, dans le cadre d’une activité de loisir.
L’étude n’a pas montré de risque accru d’arthrose du genou sur les coureurs par rapport aux non-coureurs. « Courir n’apparaît pas comme préjudiciable aux genoux » concluent les auteurs de l’étude.
La course à pied : un anti-inflammatoire naturel pour prévenir l’arthrose du genou ?
Si l’activité physique semble jouer un rôle protecteur pour les articulations, le mécanisme qui entre en jeu n’est pas clairement connu.
Des chercheurs américains ont mené une étude sur six coureurs afin d’élucider ce mystère. Des prélèvements de liquide synovial (le « lubrifiant » de l’articulation) et de sang ont été effectués sur les sportifs, avant et après leur jogging. Les résultats montrent que la course à pied a tendance à :
- diminuer le taux de cytokines pro-inflammatoires dans l’articulation. Les cytokines, ou interleukines, sont des molécules secrétées par les globules blancs. Elles agissent sur les cellules et déclenchent l’inflammation;
- augmenter le taux de COMP (Cartilage Oligomeric Matrix Protein) dans le sang. La COMP est un biomarqueur. Son augmentation au cours du sport semble indiquer un accroissement de l’activité de construction du cartilage.
À savoir ! un biomarqueur est une molécule ou une cellule dont la présence ou concentration anormale dans le sang signale un état ou une réaction particulière. Certains biomarqueurs sont utilisés pour détecter des cancers.
L’arthrose débute par une inflammation entraînant une détérioration du cartilage ; les réactions cellulaires protectrices mises en évidence par les chercheurs pourraient bien être à l’origine des bienfaits de l’activité physique sur nos articulations.
Lorsqu’on sait que le sport est aussi bon pour le cœur et pour le moral, on n’hésite plus une seconde à chausser ses baskets !
Isabelle V., Journaliste Scientifique
Sources :
PubMed – Is There an Association Between a History of Running and Symptomatic Knee Osteoarthritis? A Cross-Sectional Study From the Osteoarthritis Initiative. Février 2017.
PubMed – Running decreases knee intra-articular cytokine and cartilage oligomeric matrix concentrations: a pilot study. Décembre 2017.
ameli-sante – Arthrose du genou. 23 février 2016.