Les bisphosphonates dans l’arthrose du genou

L’arthrose du genou ou gonarthrose, beaucoup plus fréquente que l’arthrose de hanche, touche environ 30 % des personnes âgées de 65 à 75 ans. Evolutive, cette pathologie articulaire détruit progressivement toutes les parties de l’articulation du genou. L’acide zolédronique, un médicament de la classe des bisphosphonates indiqué dans le traitement de l’ostéoporose, a récemment été testé pour évaluer son intérêt face à la destruction du cartilage. Résultats.

Gonarthrose et acide zolédronique

L’arthrose du genou, ou gonarthrose  est une pathologie articulaire évolutive et chronique, qui aboutit à la destruction progressive de toutes les structures de l’articulation du genou. Son évolution inclut ainsi la perte du cartilage dans la zone articulaire. Récemment, des études précliniques et une étude clinique pilote avaient abouti à des résultats prometteurs sur l’utilisation de l’acide zolédronique pour limiter la perte de cartilage liée à la gonarthrose.

L’acide zolédronique est un médicament actuellement indiqué dans les pathologies suivantes :

• Les complications osseuses chez les patients atteints de pathologies malignes ;
• Les hypercalcémies (augmentation du taux sanguin de calcium) malignes ;
• La maladie de Paget (une maladie osseuse chronique) ;
• L’ostéoporose.

Des résultats prometteurs avant l’essai clinique

Suite à des essais préliminaires prometteurs, les chercheurs ont mené une étude multicentrique, contrôlée, randomisée, en double aveugle sur 223 patients adultes, âgés de 50 ans et plus et souffrant d’une gonarthrose associée à au moins une lésion osseuse œdémateuse identifiée par IRM (Imagerie par Résonance Magnétique). L’âge moyen des patients était de 62 ans et 52 % d’entre eux étaient des femmes. Les patients ont été aléatoirement répartis en deux groupes :

• 113 patients ont reçu une injection intraveineuse d’acide zolédronique 5 mg ;
• 110 patients ont reçu un placebo.

Les injections étaient réalisées à l’inclusion dans l’étude puis à 12 mois.

Au terme de l’étude, à 24 mois après l’inclusion, la variation du volume de cartilage fémoro-tibial, le principal critère d’évaluation de l’étude, n’était pas significativement différente entre les deux groupes de patients.

Pas d’intérêt des bisphosphonates dans la gonarthrose

Par ailleurs, aucune différence n’a été mise en évidence entre les deux groupes de patients pour les autres critères d’évaluation :

• La variation de la douleur au genou ;
• La variation de la taille des lésions osseuses œdémateuses.

Sur le plan de la tolérance, un taux supérieur d’effets indésirables a été recensé dans le groupe de patients traités par l’acidezolédronique par rapport au groupe placebo (96 % contre 83 %). Ces effets indésirables étaient majoritairement :

• Des réactions aigües à l’injection ;
• Des douleurs musculo-squelettiques ;
• De la fièvre ;
• Des maux de tête et des vertiges.

Après des résultats préliminaires prometteurs, cette étude clinique démontre que l’acide zolédronique, chef de file des bisphosphonates, n’a pas d’intérêt clinique dans le traitement de l’arthrose du genou.

Estelle B., Docteur en Pharmacie

Sources