La toxine botulique est particulièrement renommée dans la chirurgie esthétique. Mais, elle fait également preuve d’un certain intérêt dans la lutte contre la douleur, notamment les douleurs neuropathiques. Récemment, des chercheurs français se sont penchés sur son éventuel intérêt dans le traitement de l’arthrose du pouce.
Arthrose du pouce et toxine botulique
L’arthrose est une maladie articulaire, généralement liée à l’âge. Elle peut toucher différentes articulations. La main est souvent affectée, en particulier chez les femmes à partir de 45 ans. L’arthrose des doigts et notamment du pouce s’associe à plusieurs signes caractéristiques :
- Des douleurs ;
- Une perte de la mobilité des articulations de la main ;
- Une déformation des doigts avec une gêne esthétique associée ;
- Des difficultés croissantes à effectuer les activités quotidiennes, en particulier toutes les activités manuelles.
Dans l’arthrose du pouce, les médicaments actuellement utilisés pour traiter l’arthrose s’avèrent peu ou pas efficaces. La prise en charge repose donc principalement sur le port d’une orthèse rigide de repos sur-mesure. Des injections intra-articulaires de corticoïdes peuvent également être proposées lors des pics douloureux.
60 patients testés dans un essai français
Dans ce contexte, des chercheurs ont évalué une autre alternative contre la douleur : les injections de toxine botulique. Ces injections ont déjà fait leurs preuves dans le soulagement de certaines douleurs réfractaires aux médicaments antalgiques conventionnels. Pour cette évaluation, les scientifiques ont mené une étude monocentrique, randomisé, contrôlé, en double aveugle, sur 60 patients (âge moyen 64,9 ans) souffrant de rhizarthrose, c’est-à-dire de douleurs localisées à la base du pouce. Les patients ont été aléatoirement répartis en deux groupes de 30, pour comparer deux traitements :
- L’injection intra-articulaire d’1 ml de toxine botulique de type A (Botox®, 50 unités) ;
- L’injection intra-articulaire d’1 ml de sérum physiologique (contrôle).
Parallèlement, tous les patients disposaient d’une orthèse de repos, rigide, sur-mesure. L’ensemble des patients a suivi plusieurs critères :
- La réduction de la douleur, un, trois et six mois après l’injection ;
- La capacité à effectuer des travaux manuels ;
- La consommation d’antalgiques et d’antiinflammatoires non stéroïdiens, trois et six mois après l’injection.
La toxine botulique, efficace et sûre pour soulager la douleur de l’arthrose du pouce ?
Trois mois après l’injection, les résultats de l’étude montrent que le groupe avec injection de toxine botulique a significativement ressenti moins de douleur liée à l’arthrose du pouce. Le groupe avec sérum physiologie n’a pas bénéficié de cet effet antalgique. Précisément, les chercheurs ont observé une baisse de 25,7 points de douleur sur 100 contre 9,7 points sur 100 respectivement. En revanche, les auteurs de l’étude n’ont montré aucune différence significative entre les groupes pour :
- Les capacités fonctionnelles à effectuer des travaux manuels ;
- La consommation de médicaments contre la douleur et l’inflammation.
Enfin, les 60 patients n’ont pas présenté d’effet indésirable sévère. Ainsi, ces résultats suggèrent que la toxine botulique, associée au port d’une orthèse de repos, rigide et sur-mesure, réduit significativement la douleur liée à l’arthrose du pouce. Des études complémentaires sont désormais nécessaires pour :
- Confirmer ces résultats à grande échelle ;
- Optimiser la dose de toxine botulique à injecter ;
- Définir le meilleur schéma d’injection pour réduire la douleur des patients.
Estelle B., Docteur en Pharmacie