Dix millions de Français souffrent d’arthrose, le plus souvent après l’âge de 65 ans. Le traitement médicamenteux de cette pathologie articulaire repose en partie sur la prescription de médicaments anti-inflammatoires. Récemment, des chercheurs ont évalué l’implication des anti-inflammatoires non stéroïdiens dans le lien entre arthrose et maladies cardiovasculaires.
Arthrose, maladies cardiovasculaires et anti-inflammatoires
L’arthrose est une pathologie articulaire très répandue chez les personnes âgées de plus de 60 ans. Un âge où l’on rencontre aussi un nombre important de maladies cardiovasculaires. Des études scientifiques ont permis de mettre en évidence un lien entre l’arthrose et les maladies cardiovasculaires, mais les mécanismes sous-jacents ne sont pas encore totalement expliqués à ce jour.
Parallèlement, la prise en charge de l’arthrose implique fréquemment l’utilisation de médicaments anti-inflammatoires, et notamment des anti-inflammatoires non stéroïdiens, comme l’ibuprofène. Récemment, des chercheurs canadiens se sont penchés sur la possible implication de ces médicaments dans le lien entre arthrose et maladies cardiovasculaires. Ils ont publié leurs résultats dans la revue scientifique Arthritis & Rheumatology.
Un lien étroit entre arthrose et maladies cardiovasculaires
Cette étude a été menée auprès de 7 743 patients canadiens, tous atteints d’arthrose, dont les données ont été comparées avec celles de 23 229 personnes en bonne santé.
L’analyse des résultats a mis en évidence que les participants atteints d’arthrose présentaient un risque majoré de 23 % de développer une maladie cardiovasculaire, par rapport aux personnes en bonne santé. L’augmentation du risque dépendait du type de maladie cardiovasculaire :
- Une augmentation de 42 % pour le risque d’insuffisance cardiaque congestive ;
- Une augmentation de 17 % pour le risque de cardiopathie ischémique (atteinte cardiaque liée à la privation d’oxygène dans le cœur) ;
- Une augmentation de 14 % pour le risque d’accident vasculaire cérébral (AVC).
Un lien en partie expliqué par les anti-inflammatoires non stéroïdiens
Si le lien entre arthrose et maladies cardiovasculaires se confirmait dans cette nouvelle étude, qu’en était-il de l’effet des anti-inflammatoires non stéroïdiens ? Les anti-inflammatoires non stéroïdiens sont prescrits dans les poussées inflammatoires d’arthrose, sous forme orale ou cutanée, pour soulager la douleur des patients.
Dans cette étude, les chercheurs ont pu montrer qu’environ 67 % de l’augmentation du risque de maladies cardiovasculaires chez les patients atteints d’arthrose pouvait être expliqué par l’utilisation des anti-inflammatoires non stéroïdiens. A nouveau, la part imputable aux anti-inflammatoires dépendait des maladies cardiovasculaires :
- Près de 45 % pour le risque d’insuffisance cardiaque ;
- Plus de 90 % pour le risque de maladies coronaires et d’AVC.
Ces résultats suggèrent un rôle médiateur important des anti-inflammatoires non stéroïdiens dans le lien entre l’arthrose et les maladies cardiovasculaires. Une telle étude pourrait amener les spécialistes à revoir la place de ces médicaments dans la prise en charge de l’arthrose, en particulier chez les patients présentant d’autres facteurs de risque cardiovasculaire.
Estelle B. / Docteur en Pharmacie